CONFERENCE "le rock'n'roll" . yann balloch . vol 1 (les origines, contexte historique)

 

 

Le Rock’n Roll… yann balloch, classes projets Histoire de l’Art

 

 

Introduction :

 

Le Rock and Roll, c’est tout d’abord toute une époque. Mais où, quand, et surtout pourquoi et
comment est-il naît ? Comment est-il devenu l’un des courants musicaux majeurs de notre époque.

Pour comprendre la genèse du Rock, nous allons faire tout d’abord un peu d’histoire contemporaine
avant d’examiner la naissance de cette musique qui influencera plusieurs générations d’artistes.

En route pour le rock !

 

                   A- Le second 20ème siècle :

 

a. L’absurdité du conflit :

 

Le 11 novembre 1918, l’armistice qui met un terme au premier conflit mondial est signé.
L’Europe est ravagée et bouleversée par l’effondrement des Empires russe, allemand et
austro-hongrois. Toute l’atrocité laisse à penser la désormais fort célèbre licence :

 

« No more war ! Kein Krieg mehr ! Plus jamais la guerre ! »

 

A Rethondes, est signé le traité de paix entre l’Allemagne et les pays vainqueurs de cette
1ère Guerre Mondiale, en présence de Clémenceau, Lloyd George, Wilson et Orlando. Ce texte,
plus connu sous l’appellation de Traité de Versailles, impose à l’Allemagne de restituer à la
France, l’Alsace et la Lorraine, un désarmement quasi-total et le paiement de réparations aux alliés.
Le même jour, l’idée de la SDN est évoquée et se réalisera avec pour objectifs le maintien de la
paix et la coopération entre les Etats. Son siège se situera à Genève.

Malgré ces différents « pare-feux » la Seconde Guerre Mondiale éclate en 1939. En effet,
l’Allemagne, ruinée par la crise économique de 1929, humiliée par le Traité de Versailles,
développe, guidée par son Chancelier, un esprit revanchard. Conduite par Hitler, l’armée du
troisième Reich écrasera la Pologne en septembre 1939, puis la France en 1940, et soumet
l’Europe centrale et les Balkans. Pendant trois ans l’Allemagne nazie dominera l’Europe.

Cette guerre sera particulièrement meurtrière. Ainsi, on dénombrera plus de 40 millions de morts
civils ou militaires dont 20 millions de russes, 5 millions d’allemands, 535 000 français, ainsi que
400 000 américains, et des milliers de blessés. De plus, la moitié de la population juive, soit 6 millions,
sera décimée dans les camps de la mort, comme Auschwitz, Bergen-Belsen ou encore Varsovie.

L’Allemagne capitule le 8 mai 1945 et le Japon rendra les armes après les explosions atomiques
de Hiroshima et Nagasaki.

La situation économique en 1945 est tout aussi catastrophique pour les vaincus que pour les
vainqueurs. La plupart des pays est ruinée et l’affrontement idéologique entre l’Allemagne nazie,
l’Italie fasciste et le Japon aux volontés expansionnistes laissera des traces indélébiles. Seuls les
Etats-Unis et dans une moindre mesure l’URSS sortent enrichis et grandis de cette tragédie.

 

b. Situation géopolitique du monde en 1945 et les nouveaux rapports de force.

 

Les conférences internationales tenues à Yalta en février 1945 sont consacrées à l’organisation du
monde de l’après-guerre et discutent notamment du cas de l’Allemagne. L’ancien Reich sera occupé
par les armées victorieuses : Angleterre, Etats-Unis, URSS et France.

Divisée en quatre zones, l’Allemagne perdra tous les territoires orientaux au profit de  l’Union
Soviétique. Staline obtiendra que les territoires libérés puis occupés par l’Armée Rouge lui
reviennent. Il s’agit en fait de la Pologne, de l’Allemagne orientale, de la Bulgarie, de la
Hongrie, de la Tchécoslovaquie et de la Roumanie. De plus, l’URSS annexera les pays Baltes. 
La Sarre, quant à elle sera placée sous protectorat français.

Dans les pays de l’Est européen, des républiques populaires sous influence soviétique se
constitueront entre 1945 et 1948 et remplaceront les monarchies ou les régimes parlementaires
antérieurs.

L’Angleterre, quant à elle s’intéressera particulièrement à l’espace méditerranéen, au Moyen-Orient
et aux détroits ou passages des routes maritimes vers l’océan indien, comme Gibraltar ou le canal
de Suez. Par ce biais, Churchill souhaitait éviter l’expansion soviétique vers la méditerranée.

A Yalta, la Yougoslavie sera déclarée « zone mixte », les deux blocs exerçants leur politique
à égalité. Mais Tito libérera le pays du joug soviétique et instaurera un régime socialiste en 1948.

En Grèce, la résistance communiste, largement majoritaire sera contrainte par Staline à
accepter une trêve en 1945 et le retour du roi Georges II. Mais très vite, une terrible guerre civile
éclatera  opposant la résistance communiste et la monarchie en place soutenue par le
Grande Bretagne et les Etats-Unis. Délaissés par Staline, les partisans communistes seront
vaincus en 1949.

 

Le territoire allemand fut divisé en deux républiques. Les zones américaines, anglaises et
françaises formeront en mai 1949 la république fédérale d’Allemagne. Des territoires
orientaux, où stationnait l’Armée Rouge naîtra en octobre 1949 la République Démocratique
d’Allemagne.

Berlin, bien qu’entièrement englobée dans la zone d’occupation soviétique, fut divisée en quatre
secteurs, occupés et contrôlés par les troupes américaines, anglaises, françaises et russes.

En 1949, après la formation des deux Etats allemands, les secteurs occidentaux de Berlin
constituèrent un Land autonome et la partie orientale de Berlin  fut quant à elle englobée dans la RDA.

 

Néanmoins, ce conflit jamais égalé et aux conséquences majeures fera naître un nouvel idéal
de société. Celui-ci prit forme par la naissance d’un organisme démocratique international se
donnant pour mission de résoudre les problèmes internationaux en excluant le recours aux
armes. On souhaite désormais que cette nouvelle force devienne l’efficace « gardien de la paix ».
Ce sera l’ONU. La SDN, fragile dès sa naissance, récusée par l’Italie et l’Allemagne, avait
été achevée par la guerre qu’elle n’avait su éviter.

 

Mais les rapports entre alliés s’étant rapidement altérés, la guerre était toujours latente. Les
conceptions politiques et sociales profondément différentes et les intérêts qui les opposaient
reprirent le dessus quelques mois après la capitulation de l’Allemagne et du Japon. Très vite
les dirigeants orientaux s’inquiétèrent de l’expansion de l’URSS et de sa zone d’influence.
En 1945, la Tchécoslovaquie, dernier bastion non dirigé par les communistes se ralliera au
régime stalinien et motivera plus que jamais ces craintes.

 

Le chômage, les inégalités sociales qui frappaient les populations européennes créèrent
une situation presque révolutionnaire perpétuant cette instabilité internationale constatée
particulièrement en Italie, en Grèce, au Moyen-Orient ou bien à l’Est.

 

Le successeur de Roosevelt, Harry Truman décidera en 1947 d’abandonner la politique de
coopération avec l’URSS et d’élaborer une stratégie de combat contre le communisme. Ce
sera le début de la guerre froide. La Grande Bretagne, par la voix de Churchill prononcera
une formule frappante et significative : « De Stettin à Trieste, un rideau de fer s’est abattu sur le
continent ».

 

En 1947 le ministre des relations extérieures américain George Marshall élaborera un
plan d’aide économique à la reconstruction des pays européens dévastés par la guerre.
Les Etats-Unis s’engageront à fournir aux pays européens des aides financières, d’équipements
et de matières premières. Ces aides seront étalées sur quatre ans entre 1948 à 1952 et
réparties proportionnellement aux besoins de chaque pays. Une organisation européenne de
coopération économique (OECE) sera créée avec pour mission de partager les fonds sous forme
de dons, pour  86 %, et de prêts à hauteur de 14 %. Cette aide sera proposée aussi bien
aux pays d’Europe occidentale qu’à ceux d’Europe orientale, mais Staline fera pression sur tous
les pays souhaitant  bénéficier de ces aides substantielles. Ainsi la Hongrie ou la
Tchécoslovaquie y renonceront.

 

Le Plan Marshall fut accepté par seize pays d’Europe occidentale. Les résultats obtenus furent
importants. Ce plan permit au monde « libre » de remettre en marche son économie, de reconstruire
et de donner des emplois aux chômeurs. Il atténua les tensions sociales et éloigna le danger de
révolution. Grâce au Plan Marshall, les Etats-Unis, purent exporter massivement des produits
industriels et agricoles, implanter les technologies américaines et accroître leur poids politique
et leur puissance économique.

 

Le 26 janvier 1949, à Moscou les représentants de l’Albanie, de la Bulgarie, de la Tchécoslovaquie,
de la Pologne, de la Hongrie, de la Roumanie et de l’Union Soviétique formèrent le
COMECON, le conseil de l’aide économique mutuelle. Réplique du Plan Marshall, il avait pour
but de renforcer la collaboration économique entre les pays socialistes et de coordonner
les développements sur une base égalitaire pour tous pays membres, ce, grâce à l’instauration
d’échanges économiques et techniques et au moyen d’une assistance mutuelle. Il privilégiait la
production des services collectifs.

 

La scission Est-ouest se marquait davantage et la situation atteignit son point le plus critique en
1948 lorsque les soviétiques bloquèrent les voies d’accès terrestres de Berlin ouest. Pendant
plusieurs semaines, Berlin fut approvisionné par un colossal « pont aérien » organisé par les américains.
Le statut problématique de Berlin se posera à nouveau en 1961, lorsque la RDA pour stopper la fuite
de ses habitants construisit un mur séparant le secteur oriental de la ville, du secteur occidental.
Le mur fut prolongé par la suite le long de la frontière entre les deux Allemagne. Ce « mur de la
honte » restera debout jusqu’en novembre 1989.

 

D’autres graves crises internationales marquèrent cette période d’immédiat après-guerre comme
la guerre de Corée au cours de laquelle la Chine communiste joua pour la première fois un rôle
majeur sur la scène internationale. La Corée sera divisée en deux parties, la Corée du Nord où
s’instaura une démocratie populaire, de type communiste et celle du Sud gouvernée par un régime
libéral, d’inspiration occidental. Cette situation se détériorera encore lorsque le 25 juin 1950, la
Corée du Nord, soutenue par la Chine envahit la Corée du Sud, elle-même protégée par l’ONU
et les Etats-Unis. Truman, ne souhaitant pas riposter, rappellera son général des armées MacArthur
et le conflit s’enlisera en une guerre de position jusqu’en 1953. Après maints pourparlers, un
armistice rétablira la situation antérieure aux hostilités.

 

Par ailleurs, il faut noter les différents conflits fortement  liés à la décolonisation qui confortèrent la
précarité de l’équilibre international et en particulier en Indochine. Indochine, autrefois signifiait
l’ensemble des colonies ou protectorats français de Cochinchine, Cambodge, Laos, Tonkin,
Amman et Kouang-tchéou-wan.

A la suite de la défaite française de Diên Biên Phu et grâce à l’accord de Genève du 21 juillet
1954, la France reconnaît la neutralité du Laos et du Cambodge et partage le Viêt-nam en deux états.
Peu de temps après la France sera à nouveau concernée par un délicat problème de souveraineté
nationale sur le territoire algérien et devra prononcer l’indépendance de ce département le
19 mars 1962. 

 

La situation au Proche-Orient fut préoccupante dès la création de l’Etat d’Israël au sortir de la
guerre. Exilés à travers le monde depuis la destruction de Jérusalem par les Romains en l’an 70
après J.C., les juifs rêvaient depuis toujours d’une patrie. L’Angleterre qui administrait la Palestine
s’était montrée favorable à la naissance « d’un foyer national Juif ». Le nombre de Juifs s’établissant
en Palestine augmenta considérablement au moment des persécutions nazies.

Pour éviter de nombreux affrontements, l’Angleterre qui était devenue hostile à la création d’un
Etat Juif, limite considérablement l’immigration. Le gouvernement de Londres confia alors le
délicat problème du sort des survivants juifs à l’ONU qui décida en 1947 de créer deux états
palestiniens, l’un juif, l’autre arabe. Le 14 mai 1948, les anglais quittent la Palestine et le même
jour fût proclamé la naissance de l’Etat d’Israël.

 

Le 15 mai 1948, les armées de la Ligue Arabe, qui n’avaient pas été consultées et qui
refusèrent le partage imposé par l’ONU, envahirent Israël. A la suite de la déroute des armées
arabes, l’Armistice fut demandée en 1949. Depuis cette année là, la tension et les conflits sont
permanents.

 

Si un conflit contemporain marqua durablement les esprits, et principalement la jeunesse américaine,
c’est bien celui inhérent à la guerre du Viêtnam, licence résumant l’ensemble des conflits qui se
déroulèrent dans ce pays ainsi qu’au Laos et au Cambodge.

En 1961, la guerre du Viêt-nam menée par le nord Viêt-nam et le Front National de Libération
contre le régime Sud Viêtnam et leurs alliés américains, embrase à nouveau le pays.

De tous les pays coloniaux, le Viêt-nam fut celui qui paya le plus cher son accession à
l’indépendance. Cette guerre se termina en 1973 sur un cessez-le-feu suivi d’un retrait total
des Etats-Unis.

           

 

Bref, ces événements et ce contexte particuliers ont sinistré les économies et les finances mondiales.
Seuls les Etats-Unis qui possèdent 80% de l’or mondial prouvent par là même leur bonne santé
économique, malgré avoir payé un lourd tribu à cette époque troublée. Au plan financier et
économique, on assiste donc à un affaiblissement de l’Europe et une hégémonie américaine.
L’Europe est détruite, ses monnaies rongées par l’inflation, les circuits d échanges traditionnels
rompus et l’unité sociale déchirée. Malgré le plan Marshall, les pays européens restent fortement
endettés d’autant que les américains, une fois les aides à la reconstruction soldées, ont rapidement
 pratiqué le « dollar-gap » ou arrêt des prêts pour mieux dispenser son budget militaire et
recourir à nouveau à un certain protectionnisme.

Les Etats-Unis sont en position de force. Monopole nucléaire, développeurs de techniques
de pointes (électronique, informatique, aéronautique), ils ont la moitié des capacités
mondiales de production industrielle, assurent le quart des échanges mondiaux. Ils sont
le grenier alimentaire du monde, possèdent une monnaie qui équivaut l’or et ont réussi leur
reconversion sans hausse du chômage.

 

Si la plupart des pays européens a souffert de la guerre, les forces productives sont intactes
et d’une situation désastreuse en 1945, l’Europe se rétablira rapidement pour connaître dès lors
vingt ans de prospérité inégalée. En effet, la rénovation des systèmes de production,
les acquis technologiques, une demande en biens forte, l’aide américaine, permettent un relèvement
et une reprise rapides bien que ce redressement ait connu un rythme bien différent selon les pays.

 

Au niveau de la démographie, l’Amérique du Nord a, semble-t-il, toujours eu une fécondité
plus élevée qu’en Europe. La période écoulée depuis la seconde guerre mondiale s’est caractérisée
par le baby-boom. Il a été plus marqué et plus précoce qu’en Europe. Il a atteint son maximum
en 1957 aux Etats-Unis et donne naissance aux teenagers, ces adolescents de treize à dix-neuf ans
qui se distinguent maintenant de la génération précédente par « leur » musique, « leur » mode
vestimentaire incarnée entre autre par James Dean : blouson noir ou Perfecto, tee-shirt blanc,
jeans, santiags, et pour finir la légendaire Harley-Davidson. Leur originalité tenait aussi par leur
langage et leurs goûts. Le succès du rock auprès de ces adolescents réside dans la réunion de
deux éléments : un rythme endiablé qui fait bouger le corps, d’une part; des paroles simples,
très expressives, qui « collent » aux préoccupations du public, d’autre part.

« Grâce » à cette musique, les jeunes oseront se révolter contre l’ordre établi et les manières de penser
des parents.
Suite... voir vol. 2

        

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :