EXPOSE "le romantisme". déborah millot

 

 

Le romantisme déborah millot, classes projets Histoire de l’Art

 

I Origines du Romantisme

               

A. Evolution de la société

 

Au XVIIIème siècle, une remise en cause profonde des sociétés voit le jour et va peu à peu engendrer des mouvements de protestation qui vont aboutir finalement à des révolutions. Celles-ci entamèrent la domination des monarchies et provoquèrent des changements importants dans les pays européens, notamment en Angleterre, en Belgique, aux Pays-bas, ou bien en Irlande. Quant à la France, les causes profondes qui menèrent à la Révolution française sont issues des contradictions entre une structure sociale héritée du Moyen Age, composée d’une part de la division de la société française en trois ordres, noblesse, clergé et Tiers Etats, établis autour d’inégalités et privilèges, et d’autre part grâce au développement des forces productives et intellectuelles. La croissance du commerce et des manufactures favorisa la formation d'une classe bourgeoise et la perte de contrôle progressif du pouvoir politique par la monarchie. Aussi, à la fin du XVIIIème siècle, la bourgeoisie fournit-elle à la monarchie ses principales ressources, alors que le rôle politique de l'aristocratie ne cesse de diminuer. On peut dire que la Révolution française est une révolution nationale bourgeoise préparée par les philosophes et intellectuels français tels Voltaire, Diderot, ou encore Rousseau. Elle fut donc essentiellement l'œuvre de la bourgeoisie appuyée par les masses populaires,  paysans et artisans. Après quelques pages célèbres de l’Histoire, elle chercha à établir de nouveaux fondements par le biais de lois et institutions fondées sur la liberté et l'égalité civile. Elle coïncide avec le moment où la société perd les repères religieux issus du Moyen Age. De plus les travaux et découvertes scientifiques abondent vers un nouveau système de pensée non construit sur un discours mystique mais sur l’assurance que toute preuve fait loi. L’art étant inscrit dans la société, ces changements profonds se reflètent dans la peinture, la sculpture ou encore la musique.

 

B. L'évolution du classicisme dans la musique

 

Le classicisme musical emboîte le pas à la période baroque. Le baroque musical commence à  l’extrême fin du XVIème siècle et se termine à la première moitié du XVIIIème siècle. Il se caractérise par la prolifération des détails, par une ornementation abondante, et par la sinuosité et la souplesse des formes. Ces caractéristiques propres à ce mouvement artistique constituent la base structurelle de l’art de la composition musicale moderne par le soin apporté à la mélodie et le traitement de la basse continue.

Le classicisme, quant à lui est synonyme de rigueur, de construction, de symétrie, d’ordre et de concision. Le langage tonal de cette époque s’organise principalement autour des axes de tonique et de dominante. Les modulations se font aux tons voisins et les cadences ponctuent clairement le discours. La mélodie accompagnée se développe au début du XVIIIème siècle et s’impose peu à peu au détriment du contrepoint. Après une période de coexistence, le XVIIIème siècle voit le triomphe de la mélodie accompagnée.

Au cours de ces deux siècles, de nouveaux instruments apparaissent. Leur facture s’améliore et leur technique évolue. Ainsi, ils gagnent petit à petit leurs lettres de noblesse. Le violon est porté à un haut degré de perfectionnement par les luthiers Guarneri, Amati et Stradivarius. Le violoncelle supplante la basse de viole au milieu du  XVIIIème siècle et à la même époque la clarinette est introduite dans l’orchestre. C’est aussi à cette période de l’Histoire que la flûte traversière en bois, le hautbois et le basson gagnent leurs premières clefs ; leur technique s’améliore donc nettement tout au long de ce siècle.  Le pianoforte est inventé par Cristofori en 1698 est contribuera fortement à toutes les révolutions esthétiques futures.                                                  

 

 

II Qu’est-ce que le Romantisme :

 

A. Définitions :

 

a) Au plan littéral :

 

Dans son sens le plus vaste, le mot romantisme appelle à une conception de la vie relative au « roman », conception dont nous trouvons l’expression la plus ancienne dans les récits épiques des peuples romans. Les populations romanes ayant développé les premières le génie du Moyen Age, ont donné leur nom à ce système de pensée qui se développera tout au long du XIXème siècle. Celui-ci est commun à tous les peuples d’Europe septentrionale et occidentale, et procède d’un événement dont les conséquences furent immenses, l’avènement du christianisme.

Le Romantisme se développa d’abord dans les pays du nord de l’Europe au début du XIXème siècle, particulièrement en Angleterre, en Allemagne et plus tard en France. L’appellation déterminante du courant artistique majeur de ce siècle fait référence en premier lieu au jardin anglais dont la disposition évoque et permet la rêverie. Il s’apparente au fantastique ou à l’imaginaire. Le Romantisme s’annonce en littérature dès la fin du XVIIIème siècle avec en Angleterre des œuvres comme Nuits de Young ou en Allemagne avec Goethe et Werther. En France, La nouvelle Héloïse créée en 1758 et Les rêveries d’un promeneur solitaire en 1782 de Jean-Jacques Rousseau illustrent ce renouveau artistique.                                                   

 

b) Au plan des arts :

 

            ba) La peinture :

 

Ce renouveau artistique se retrouve également sensible dans les arts plastiques. Aussi Géricault, Delacroix ou encore Friedrich illustrent-ils ces nouveautés.

Le Radeau de la Méduse de Géricault est un exemple criant de romantisme. Le peintre s’est inspiré d’un fait divers pour réaliser son tableau. Cet événement fût le naufrage de la frégate La Méduse qui faisait route vers le Sénégal. Les bateaux de sauvetage ne pouvaient contenir les quatre cents hommes de l’équipage. Le capitaine et les officiers s’entassèrent dans des chaloupes et ont réparti cent cinquante-deux matelots sur un grand radeau rapidement construit. Pendant douze jours, les naufragés moururent par suite des intempéries et des privations ou sous les coups de leurs compagnons devenus fous. Quinze seulement survécurent au désastre. La presse française s’empara de l’évènement dont deux survivants firent le récit complet de cette horrible aventure dans une brochure à fort tirage. Pour Géricault, l’histoire de La Méduse était une occasion parfaite : en la représentant, il pouvait exprimer toutes les passions de l’âme humaine poussées à leur paroxysme, tous les élans chargés d’émotion chers à un cœur romantique. Il alla au Havre, pour étudier les effets de lumière sur les vagues et ceux des vagues sur un radeau spécialement construit à cet effet. Il se rendit également dans les hôpitaux et les salles de dissection de Paris pour raviver sa connaissance de l’anatomie. Il alla même jusqu’à se procurer des cadavres qu’il fera sécher sur son balcon afin d’atteindre la décomposition des corps souhaitée pour tendre vers plus de réalisme. Géricault ébauche alors le projet de son immense toile de plus de 35 m². Il modifia la composition dans des esquisses successives et parvint à un effet bouleversant en partageant l’accent entre deux pyramides : l’une ayant pour base les corps des morts et des mourants et pour sommet l’homme qui fait un signal à un navire dans le lointain ; l’autre, formée par les haubans et le mât. Géricault accentua l’impression dramatique d’une façon vraiment romantique, en choisissant le moment où l’émotion et l’espoir sont à leur comble, tandis que le navire sauveur apparaît à l’horizon. Il voulut démontrer aussi la petitesse de l’Homme par rapport à la nature en donnant l’impression que ce frêle esquif serait forcément happé par la force des éléments. Si au XVIIIème siècle, on croyait que l’Homme était au centre de l’univers malgré les avancées scientifiques de Galilée, le XIXème apprend la relativité de la place de l’Homme au cœur des éléments naturels. 

 

    

 

Géricault  Le Radeau de la Méduse  - 1819, Huile sur toile, 493,4× 725,8 cm.
 Département des peintures,  Musée du Louvre

 

 

Si Géricault demeure un exemple de romantisme majeur, Delacroix appartient, lui aussi de droit à ce courant. Pour sa part, il voulait commémorer la Révolution de Juillet dans une œuvre extraordinaire qui devait s’appeler La liberté guidant le peuple. Les couleurs qu’il acheta à son marchand pour son tableau étaient en apparence banales : bleu, blanc, rouge. Mais Delacroix les employa avec une maîtrise et une délicatesse extrêmes ; Son tableau atteignait à une sorte de luminosité apocalyptique où le thème tricolore était en quelque sorte sous-jacent. Il fit une conception audacieuse : dresser une extraordinaire figure symbolique au milieu de la poussière et des victimes sanglantes d’une bataille véritable. Le premier plan est un charnier où morts et mourants gisent dans des attitudes déconcertantes. Au-dessous, dans la fumée, se déroule le combat. De chaque côté, des insurgés se ruent à l’assaut dans des vêtements civils d’une armée de rencontre, depuis un gamin des rues coiffé d’un béret brandissant deux pistolets, jusqu'à un étudiant sous son haut-de-forme. Au centre, un blessé se dresse sur ses bras pour jeter un regard d’extase sur le visage de la Liberté qui domine ce combat mortel, en brandissant le drapeau français. Delacroix a eu l’audace de rogner le haut du drapeau, ce qui augmente la sensation de mouvements spontanés, comme si la Liberté venait de surgir et brisait le cadre du tableau. Pour Delacroix, la conception de la Liberté était un être mi-déesse, mi-femme. Le tumulte qui domine le tableau risque de nous faire oublier le coin du vieux Paris qui se profile à travers la fumée des coups de feu, un drapeau minuscule qui flotte sur une tour de Notre-Dame et une rangée de maisons anciennes. Avec son tableau, Delacroix  assume son discours politique en traitant de la chute de la monarchie et avec elle le passage du classicisme au romantisme. 

 

 

 
 

 

 

Delacroix La liberté guidant le peuple – 1830, Huile sur toile, 259×325 cm. Département des peintures - Musée du Louvre, Paris

 

 

           




            bb) la musique :

           

En s’appuyant sur le réel, le romantisme cherche l’évasion dans le rêve, dans l’exotisme ou le passé, il exalte le goût du mystère et du fantastique. Cet aspect trouve une place de choix dans les œuvres lyriques des compositeurs romantiques. On peut citer l’opéra Freischütz de Weber (1821), ou encore plus tardivement une grande partie de la production lyrique de Wagner avec Les maîtres chanteurs, le vaisseau fantôme, ou l’or du Rhin. La nature est un autre thème cher au romantisme littéraire que la musique romantique exprima de façon vivante. Dans de nombreux opéras, tempêtes, incendies, naufrages, éruptions volcaniques et toutes autres manifestations des forces irrationnelles de la nature auxquelles est soumis l’ordre humain jouèrent un rôle crucial auprès des compositeurs. L’un des mythes romantiques les plus puissants fut celui d’Ondine, esprit des eaux qui désire se marier avec un humain, mais doit irrémédiablement retourner à son élément. Ce mythe illustre la tentative de réconciliation entre la nature et la raison, séparés, pensait-on, au siècle des Lumières. L’un des premiers opéras majeurs traitant de ce sujet fut celui de E. T. A. Hoffmann  Undin (1816), maître du récit fantastique et figure majeure du romantique absolu en réunissant les talents d’écrivain, de compositeur et d’artiste. Pour sa part, Beethoven exprima lui aussi les joies de la nature, restant ainsi fidèle à l’un des thèmes favoris de l’art lyrique allemand en composant sa Symphonie pastorale, sixième du nom, (1808). Le premier grand compositeur de lieder, Franz Schubert, écrivit des centaines de chansons en confiant au piano le rôle de description imagée. Ainsi l’évocation des bruits de l’eau parcourt le cycle du lied Die schöne Müllerin (1823) qui traite des amours malheureuses d’un fils de meunier. Il ne s’agit pas d’une simple imitation de l’eau, mais le ruisseau trouve ici écho aux humeurs et au sort changeants du jeune homme ; l’eau fait partie intégrante du héros et l’un s’assimile à l’autre.

 

Le romantisme réclame la libre expression de la sensibilité. En prônant le culte du Moi, il affirme son opposition à l’idéal classique. Les artistes ont le goût de l’introspection. De fait,  ils mettent leurs sentiments dans leurs œuvres, celles-ci jouant le rôle du miroir ou de psyché des psychanalystes naissants.               

 

B. Structure des œuvres musicales :

 

a) la méthode :

Revenons un instant sur le classicisme pour évoquer les structures formelles qui influenceront les compositeurs romantiques. Les différentes révolutions ont œuvré en faveur d’une plus grande égalité et liberté individuelle. En  musique, les compositeurs ont peu à peu fait éclater le cadre du classicisme afin de tendre vers plus de liberté d’expression. Beethoven est sans doute l’illustration la plus pure de celui qui permit l’éclosion du romantisme musical tout en restant néanmoins fortement attaché au système classique. Prenons l’exemple de la sonate. Cette œuvre musicale typique du XVIIIème siècle est une œuvre instrumentale destinée à un petit groupe d’instruments.

A l’époque classique,  la sonate se compose de trois mouvements. Le premier est un allegro dont la forme s’articule autour de la forme sonate. Il est construit en trois parties.

La première partie ou « exposition » comprend un premier thème, dans la tonalité principale,  puis suit une transition modulante, appelée pont, qui amène un deuxième thème, à la dominante. Un motif de cadence dans le ton de la dominante conclut cette exposition. Parfois ce motif est d’une telle importance qu’il peut être considéré comme un troisième thème. Mais généralement cet allegro de sonate est simplement bi-thématique.

La deuxième partie s’appelle le développement : il s’agit d’un travail thématique modulant sur les thèmes A et B, parfois sur C s’il y a lieu, préparant le retour vers le ton principal.

La troisième partie s’appelle la réexposition. Elle est le pendant de l’exposition, mais on restera dans la tonalité principale. Nous retrouvons donc le premier thème, le pont amenant le deuxième thème est un motif de cadence conclusif.

Le deuxième mouvement est un mouvement lent. Il adopte le plus souvent une construction de type ternaire, celle de la « forme lied » (ABA). Cependant sa structure formelle moins définie fait parfois appel au principe du thème et variations ou encore à la forme sonate. Le troisième mouvement est un Presto articulé autour de la forme rondo. Plus tard vers la fin du classicisme il y aura un quatrième mouvement, le troisième devenant un menuet avec un trio, comme une réminiscence de l’époque baroque.

Bien que Beethoven garde le moule de la « forme sonate » mis en place précédemment, il y introduit des concepts si hardis que l’on peut voir en lui le créateur d’un nouveau type de sonate. Le thème cesse d’être un simple dessin, il devient en quelque sorte une idée, un personnage. C’est ce qui explique la nette différenciation des deux thèmes principaux de l’allegro de la sonate beethovenienne : A consiste en l’élément masculin, B au principe féminin.

L’importance du développement dans la sonate de Beethoven est donc beaucoup plus grande que dans les développements des sonates de type XVIIIème. Le développement beethovenien met en œuvre des notions qui, sans être toutes absolument neuves, n’avaient jamais donné lieu à une telle organisation aux plans rythmique, mélodique, harmonique et sonore.

      

Mais c’est après les recherches fructueuses de Beethoven que se développe le socle fondateur du romantisme musical. Les compositeurs font alors prévaloir la notion de sentiments personnels dans leurs œuvres. L’amour, la colère et la tristesse sont les plus usités, mais aussi le sentiment de l’incertitude. En effet, à cette époque, les romantiques prennent conscience de la fragilité de la présence humaine sur la terre au regard de l’omnipotence de la nature. Deux certitudes prévalent : la naissance et la mort. Les compositeurs romantiques demeurent des hommes tourmentés et cela se retrouve dans leurs compositions.

Les Nocturnes, ou encore les préludes      de 1830 à 1839 de Frédéric Chopin retransmettent le désespoir du compositeur, Ludwig Van Beethoven, à cause de sa surdité a lui aussi connu de longues périodes de désespoir. Il écrira dans le fameux  Testament d’Heiligenstadt datant de 1802 : « J’ai voulu mettre fin à mes jours, l’art seul ma retenu ». Schubert, à cause d’une maladie se savait condamné et Schumann finira sa vie en asile psychiatrique après avoir essayé de se suicider en se jetant dans le Rhin. La musique va devenir un instrument pour exprimer les sentiments les plus contrastés. Schumann construira son discours musical autour de deux personnages imaginaires, Florestan et Eusebius qui reflètent deux aspects opposés de sa personnalité.

Les formes des XVIIème et XVIIIème siècles, symphonies, sonates, fugues, ouvertures, suites, opéras, oratorios, cantates ont été pratiquées au XIXème siècle, mais les compositeurs les traitent avec beaucoup de liberté et en renouvellent l’esprit. Pour le romantique, l’œuvre est un drame ; une action s’y joue et, dès lors, le fond conditionne la forme. Certains que la musique est un langage au même titre que la littérature, la poésie, la philosophie, les romantiques donnent par ailleurs le jour à de formes nouvelles : l’ouverture de concert imaginée par Beethoven, la symphonie, la mélodie française, et la légende dramatique, inaugurées par Berlioz ou encore le lied porté à un niveau remarquable par Schubert. Le poème symphonique imaginé par Liszt articule son propos autour d’une œuvre pour orchestre en un seul mouvement illustrant un programme, un poème, un texte d’inspiration historique, un extrait de roman, un tableau ou encore une pensée philosophique.

Faisant de la mélodie leur confidente, les romantiques affectionnent en outre les pièces « état d’âme » auxquelles ils livrent leurs sentiments, angoisses, peines, joies. Ils leur donnent des titres divers : ballades, initialement genre littéraire, nocturnes, préludes, scherzi, berceuse, arabesques…

 

b) Les moyens techniques :

                                             

 Au-delà de la forme musicale et de l’intention artistique, le premier matériau demeure la matière sonore produite par l’instrument utilisé. Au XIXème siècle, bien des instruments en usage jusqu’alors sont l’objet de transformations fondamentales visant à améliorer leur timbre et en faciliter leur jeu.

A cette époque, le pianoforte va devenir l’instrument roi grâce au perfectionnement dont il est l’objet. Un mécanisme à double échappement a été conçu au début du XIXème siècle par le facteur français Sébastien Erard et permit une plus grande virtuosité que sur l’ancien clavicorde. Dans la musique de chambre, ses qualités expressives, la possibilité d’obtenir des nuances selon le toucher et grâce aux pédales sont mises en valeur et lui permettent de tenir aussi le rôle de soliste. Dans le lied, le piano renforce l’expression du poème et de la voix. Concernant la musique symphonique, sa puissance, les qualités de virtuosité qu’il demande, lui permettent de dialoguer ou de s’opposer à l’orchestre dans les nombreux concerti écrits au XIXème siècle. Cet instrument, cœur de la pensée romantique permit à Chopin de lui confier la totalité de sa production. Mais le piano n’est pas le seul instrument à profiter des perfectionnements des facteurs ou luthiers. En effet, La clarinette basse et contre-basson, peu satisfaisants à la fin du XVIIIème, furent remaniés. Ils adoptèrent, vers 1850, la forme que nous leur connaissons aujourd’hui. Concernant les cuivres, l’allemand Stölzel invente les pistons vers 1818. Appliqués au cor, à la trompette, ils permettent un jeu plus rapide, plus lié et plus souple. Böhm, en 1832, perfectionne la technique de la flûte en créant une mécanique complexe. Il modifia en 1847, le corps de la flûte. Il introduisit la perce avec un corps cylindrique et une tête parabolique afin d’enrichir le timbre de l’instrument.

Les percussions s’émancipent et se multiplient. Berlioz en fait grand usage. Saint-Saëns confie un solo au xylophone dans le Carnaval des Animaux en 1886.

La harpe est perfectionnée par Erard. En 1811, il crée le système à double mouvement encore employé de nos jours qui présente l’avantage de pouvoir jouer dans 27 gammes différentes, alors que l’on n’en obtenait que 13 sur la harpe à simple mouvement. Instrument de salon au début du siècle, la harpe se mêle à l’orchestre chez Wagner.

L’orgue, quant à lui est conçu tout autrement qu’à l’époque classique. Les maîtres romantiques le souhaitent orchestral. Cavaillé Coll, l’illustre facteur, répond à leur attente. On augmente l’orgue de soufflets modernes, on augmente les pressions, on le rend plus sonore.

Si le XIXème siècle est l’ère des virtuoses, proposant grâce à un certain nombre de modifications technologiques récentes une palette sonore étendue, une vitesse de réponse améliorée, c’est aussi la période d’inventions nouvelles au plan de la facture instrumentale. Ainsi toute la famille du saxophone voit le jour au XIXème siècle. Il est inventé par Adolphe Sax en 1841. Berlioz l’utilise aussitôt, puis Bizet, en 1872, dans l’Arlésienne. Le tuba est inventé en 1835 par Moritz, à Berlin et trouvera très vite sa place au sein des orchestres de la deuxième partie du siècle. L’accordéon participera de ces nouveautés. Son brevet a été déposé à Vienne en 1829 par Cyril Damian. Son Akkordion était une amélioration du Handäoline inventé pas l’Allemand Buschmann. Les premiers accordéons avaient dix boutons mélodiques et deux boutons de basse. Dans les versions suivantes, des boutons supplémentaires ont permis aux musiciens d’accroître la tessiture de l’instrument et de produire une plus grande variété d’accords. L’accordéon-piano a été développé dans les années 1850, principalement en Italie.      

L’orchestre s’enrichit de ces timbres puissants qui induisent un accroissement du nombre des cordes qui n’ont que peu évoluées durant cette époque. Tout au long du siècle, l’orchestre ne cesse d’augmenter. Beethoven joue avec les masses, les attaques, les dynamiques. Il prend conscience de l’effet psychologique de la puissance sonore sur l’auditeur.

Berlioz a recours à 400 musiciens pour son Requiem. Ses trouvailles en matière de timbres ne cessent de surprendre. Sa fulgurante maîtrise vient d’abord de la connaissance approfondie des ressources complètes de tous les instruments et aussi des difficultés d’exécution propres à chacun.

 

Conclusion :

 

On a vu que sans le classicisme il n’y a pas de romantisme possible. Ce dernier se fonde sur les ruines de la Révolution française. L’homme passe du statut de « je suis au centre du monde » à celui de « je ne suis qu’un infiniment petit dans l’immensité du monde » et doit alors se faire la preuve de sa propre existence qui passe d’abord par un grand sentiment d’incertitude appuyé par la perte de repères traditionnellement installés depuis le Moyen Age. Au niveau des arts et grâce à tous ces changements, les artistes se sont donnés une grande liberté pour créer. Si le Romantisme est fait pour rêver, imaginer, être libre de soi-même, il n’en demeure pas moins que ce courant majeur d’un siècle qui l’est tout autant structure les fondements de ce que sera l’art moderne.

 

                                                                                                                                  

 

 

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